Gio, le voyageur
Decouverte – derriere veut voir, nourrir ses reves – sans assouvir ses desirs – ne s’en sent pas capable, croit qu’il ne merite pas tout cela. Il s’autosabote. Jusqu’au jour ou il rencontre Julia.
« Gio Dumelo, consentez-vous à prendre pour épouse, Mademoiselle Julia Hermosa ? Promettez–vous de l’aimer, de la chérir, de l’honorer et de lui être loyal, dans la santé et la maladie? Et, renonçant à toute autre, de lui rester toujours fidèle, tout au long de votre vie? » demanda la prêtre Marisa.
Devant ses yeux, défilaient tant de certitudes et de bouts de vie. Gio était prêt pour ce changement de vie. Il l’avait espéré. Il était le plus heureux des êtres humains sur terre. Tellement d’idées et d’étapes pour culminer sur la réalisation d’une chose qui lui semblait impossible encore quelques mois plus tôt.
A 38 ans, il était un artiste accompli. Fier d’être né à Napoli, Gio avait voyagé de par le monde pour partager sa passion pour la création. L’Asie et l’Amérique Latine occupaient sans conteste les places de favorites dans le classement de ses continents préférés. Le Japon et la Corée n’avaient plus de secrets et s’il avait besoin de les revisiter régulièrement, son choix avait fini par se porter sur le Mexique. Installé dans la petite île paradisiaque de Holbox, il allait et venait à Cancun une à deux fois par mois selon les commandes qu’il recevait.
Gio était compositeur de musique classique. Il considérait son occupation comme un métier disparu. De sa passion fantôme, il honorait ses racines italiennes et contribuer à sa façon à façonner la beauté intemporelle et invisible d’un monde qui démodait les plus grandes inventions de l’homme en quelques vulgaires clics sur un smartphone. Ses muses vivaient dans des temps perdus. Giuseppe Avitrano était né à Naples en 1670 et il avait composé les plus belles sonates pour violon de l’humanité. Quant à son autre idole qui portait le même prénom que lui, Gio Bianchi était né en 1752 à Crémone et avait étudié à Naples. Il écrivit les ouvrages de musicologie les plus fascinants que notre Gio eut sous les yeux et laissa derrière lui un héritage prolifique avec plus d’une centaine d’Opéra. Il avait eu une carrière très internationale pour l’époque et était décédé à Londres tragiquement. La musique classique italienne foisonnait de trésors et ses deux personnages l’avaient inspiré à donner vie à son art et à réaliser sa mission de vie avec passion et engagement.
Ses créations à lui servaient à donner vie aux ballets et concerts des plus grands opéras. On l’invitait aussi à faire des représentations aux galas de charité, mariages, bals de débutantes et autres événements qui conjuguaient élégance avec musique classique.
Il avait voyagé en moyenne 5000 km par semaine durant les 12 dernières années. Il avait pris goût au voyage comme on s’habitue à porter des costumes 3 pièces. Professionnels des bagages, de l’organisation des billets, il se sentait vibrant à l’approche d’un aéroport. Gio s’énergisait de découvrir de nouvelles rues, des restaurants, des gens, des modes de vie à mille lieux d’où il avait grandi. Ses rencontres le nourrissaient pour créer.