Bonjour à vous et à votre joli visage découvert !
Quel plaisir ce fut d’emmener mon fils à la maternelle ce matin.
Découvert aux yeux de tous, mon sourire égayait mon visage rajeuni. On y voyait ma bouche, mes dents, même mon menton lequel repris sa posture haute et fier naturellement.
Nous fûmes reçus dans la joie par des visages libérés eux aussi. Les bouches de la directrice, des maitresses et assistantes pédagogiques, joyeusement colorées de rouge à lèvres affichaient la couleur !
Je découvris surprise le visage de certaines maitresses. Dans ma tete, je les avais dessinées autrement. Un sourire et ma perception d’elles changea. Peut-on vraiment connaitre un visage à moitié caché ?
Je ne sais pas vous mais à présent j’entends mieux, je vois mieux.
On dit qu’être privée d’un sens, diminue tous les autres. Il faut dire que le sens essentiel de l’émotion, l’odorat, nous guide dans les choix du coeur au combien important. En entrant dans l’école de mon fils, je me sens moi et entière.
En cette journée de liberté, célébrons la puissance de nos voix.
Des lèvres, qui ne sortant aucun son, parlent d’un milliers d’autres façons. Oui les regards s’expriment et racontent mais la fluidité du message est ralentie lorsque les moitiés de ceux-ci sont muselées pour être protégées.
Comme beaucoup de personnes dans le conseil et le marketing, j’étais rémunérée principalement pour échanger. De ma voix j’enseignais et je prodiguais les démarches à suivre pour faire naitre, grandir et connaitre les marques du luxe et de la mode. Ma bouche fut essentiellement impliquée dans ce genre de procédé.
Les lêvres cachées, ma voix était comme scellée. Aphone, enrouée, cassée ou simplement douce et murmurée, je ne m’entendais plus. Alors, je me suis tue. J’ai apprécié le silence. Il m’a permis de mieux écoutée et de changer. Je ne peux qu’être reconnaissante d’avoir vécu cette experience ici à vos côtés.
Plus de masques. Je te retrouve visage.
Il y a 2 ans le confinement commençait.
Les courses de provisions, les rayons de pates vidés de peur, les longues files d’attente pour s’approvisionner, la gestion du temps délicate, l’aménagement du travail, du sport et surtout de la vie sociale avec une forme de “hygge” forcé (le cocooning à la mode danoise).
Dans mes pensées virevoltent les odeurs des gants et les méthodes de pliage des foulards qu’on usait pour se protéger en attendant d’être masquée de papier. Rentrée chez moi, je me déshabillais et mettais tout le linge à laver automatiquement… j’évitais les piéces fragiles qui ne passeraient pas en machine. Le tri fut vite fait et le style casual sportif adopté 98% du temps. Je n’ai pas écouté les informations, je n’écoute plus les news depuis novembre 2015 et je dois dire que cela m’a sauvé la vie. Mes voisins de terrasses, de balcons et de fenêtres prenaient le soin de me tenir au courant des nouvelles directives et avancées si un proche sur FaceTime ne l’avait pas deja fait.
Je pensais étouffer en me sentant coincée. Et pourtant je ne me suis jamais sentie aussi libre. Libre de rêver, de créer et de vivre tel que je le voulais. J’ai poussé les murs, trouvé la clef aux blocages et fais beaucoup d’au revoir. Certains forcés mais aucuns regrettés. Ceux qui me connaissent savent que de nombreux voyages furent annulés et alors ? Cela ne m’a pas fait capitulée.
N’oublions pas les fameuses autorisations de sortie que je vérifiais comme vous avant chaque sortie. Et puis, il y a eu le moment ou la porte s’entrouvrit. On est partis, on a visité le monde. On a fait l’école buissonnière.. enfin elle était fermée la majeure partie du temps, on n’a juste pas attendu qu’elle rouvre !
2 ans que pour beaucoup d’entre nous, le désir de mieux vivre et profiter de la vie chaque jour sont devenus des priorités.
Etrangement ou pas, ces 2 ans coincident avec la réapropriation de ma féminité.
Je ressors mes bijoux, mes bandeaux et de grosses boucles d’oreilles qui assortissent parfaitement mon menton sans masque en dessous. Je ne vous en dis pas plus… cela fera l’objet d’une prochaine missive !
2 ans sans vos beaux sourires que j’admire et que je vous rends avec tant de joie.