« Merci, mais non merci. »
“Nous sommes au regret…”
« Votre manuscrit n’a pas été retenu… »
« Nos lecteurs ont relu… »
« Ce n’est pas la direction de notre maison… »
Je m’attendais aux non. S’il n’y a pas de non, il n’y a pas de succès.
Les non. Je les célèbre.
Cela ne veut pas dire que je les aime. Pas encore. Tout du moins.
Je m’efforce de les trouver mignons, gentillet et moins cons que ce qu’ils paraissent quand mon ego les juge, pincé d’être catégorisé, rejeté.
Ce n’est pas toi, c’est nous… mais en fait, c’est vraiment toi.
Les voix satiriques de mes peurs se moquent de mes projets : “Bon courage à ton manuscrit pourri. Tu t’es mise à nu pour rien. À la loose. T’as l’air bien conne, même sans tout ça. Tu y croyais vraiment ? Ma pauvre… c’est pareil depuis que tu es enfant. On te répète pourtant que tu n’as rien de spécial. Personne ne veut de toi. Encore une preuve que tu ne conviens pas.”
Je ne les écoute pas. Elles ont toujours été là à critiquer chaque entreprise, chaque choix. Elles ont à chaque fois eu tort.
Le rejet. Là est toute la solution.
L’une de mes plus grandes craintes, déjà artiste enfant, c’était de me rendre compte que tout le monde, sauf moi, avait raison : je n’avais rien des talents que je ressens en moi. Ce qui m’émeut, m’emplit de joie, tant que les rires et les larmes s’embrassent sur mon visage… tout cela ne servirait à rien d’autre qu’à mon propre loisir. Chanter, écrire. Aimer, faire confiance. Être soi, partager. Croire en soi et être Lumière. C’est bien de cela dont il s’agit.
Dans le rejet, il y a l’acceptation de soi.
Au-dessus de la velléité dont souffre le terrestre, elle brille : valeureuse, imperméable, irréfutable, increvable, démesurée.
Elle incarne la confiance en ce que l’Univers a mis en nous pour abreuver les cœurs de joie.
Alors pourquoi les écouter ?
Que viennent faire doutes et dénigrements, honte et découragement, si ce n’est tester notre confiance en nous ?
Regonflée à bloc, je ne vais rien lâcher.
Ne te fie pas à l’extérieur.
Si tu sais, tout se fera.
Ne te repose pas sur tes lauriers : la prochaine vague de démons ne nous loupera pas.
M’en fous, je fais la fête. Trac. Trac. Trac.
L’imprimante finira bientôt de sortir toutes les feuilles à relire.
Ce test-là est remporté.
Déjà je la vois.
Le manuscrit qui nous a emmené jusque ici trouvera sa maison d’édition et son chemin jusqu’à ses lecteurs chéris. Il les adore déjà. Il a hâte de leur raconter la magie qui l’habite.
Notre future maison d’édition ? Brillante et délirante, visionnaire et extraordinaire, tolérante et bienveillante, elle oeuvre à partager la lumière.


