La crème de la crème plait aux autres !
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La crème de la crème
Il n’y a rien à regretter.
Il y a des moments pour apprendre.
Il y a des endroits pour grandir.
On est prêt lorsqu’on se relève toujours plus fort sans peur de respirer le présent bonheur.
Plus facile à écrire qu’à dire enfin… jusqu’à l’accomplir. Être soi c’est accepter de tomber la tête la première.
De l’échec naissent la sagesse et progrès. Remercions ces impasses et ces difficultés et voyons-les comme des challenges et opportunités de se bonifier.
« Allez ! Allez ma belle !
Encore une fois. Relève-toi. » se motiva la dame devant le miroir. Elle respira et essuya les larmes naissantes a l’embrasure de ses yeux. Elle savait contenir ses crises.
A 53 ans, Rubis vivait une vie paisible dans la banlieue huppée de Calabasas en Californie. Originaire du Mexique, elle s’était installée aux Etats-Unis pour commencer sa vie maritale. Elle avait tout ce dont on pouvait rêver. La majorité des gens qui la croisait, voyait en elle une femme au contrôle de sa vie. Elle semblait bien entourée et ne manquait de rien.
Sa beauté figeait telle une empreinte d’élégance et de raffinement donnait le change. Un masque de prospérité incompatible avec la peur de manquer… enfin sur le papier.
Rubis, très jeune,
apprit que l’apparence était une arme redoutable. Les gens croyait d’abord ce qu’ils percevaient. Elle travailla son port de tête, sa posture droite, ses mouvements gracieux. Elle fit très attention à maintenir une taille de guêpe coûte que coûte et peu importe les manières d’y arriver. Elle veillait à être apprêtée jusqu’au bouts des ongles quelque soit le jour ou le moment de la semaine.
Elle avait grandi à l’époque où les femmes s’émancipaient. Elle récupéraient le droit de votes. Elles prenaient soi-disant la liberté sur leur sexualité et et décidaient de leur choix de vie. Cela n’avait pas réellement changé grand chose à leur statut social et le fait de s’élever haut et seule dans la vie, pensait Rubis. La femme libre était plus une paria qu’un mythe dans beaucoup de coins du monde et dans celui de Rubis.
Elle pris une grande respiration
et sourit au reflet qui ne lui ressemblait plus dans le miroir. Elle se promit de s’effondrer sur son lit ce soir avant de placer des compresses au thé vert sur ses yeux pour éviter toute trace de sa depression. Soulagée de savoir une libération proche, elle saisit à deux mains le plateau de patisseries et entra dans le salon, un large sourire sur le visage.
« Dora, tu nous as tellement gâtée. On a envie de goûter à toutes ces merveilles ! Bonjour la séance de sport de demain ! » s’exclama t’elle en face de son mari et des deux couples d’amis qui étaient venus déjeuner en ce samedi midi.
Dora et Mike partirent vingt minutes plus tard après le temps du dessert. Quant à Céline et Robert, il restèrent jusqu’au milieu de l’aprés-midi. Robert était l’associé de Frank, le mari de Rubis. Lui et sa femme vivaient à présent sur la Cote Est. Lorsqu’il revenait en Californie, Frank et Robert rattrapaient le temps en parlant stratégie et finance pour le futur de leur start up. Ils échangeait ensuite des balles sur le terrain de tennis que Frank avait fait construire derrière la piscine au sein de leur résidence. Ce fut le programme de la journée encore une fois. En attendant, les épouses prirent le thé et parlèrent de chiffons, de décoration et des prochains mariages de la saison.
Lorsque l’horloge sonna les 17 heures,
tous les convives avaient enfin quitté le domicile et Frank était parti s’enfermer dans son bureau. Rubis pria Dolorès de nettoyer le salon et la cuisine. Elle lui souhaita de passer un bon dimanche puis monta l’escalier vers sa chambre.
Elle ôta ses vêtements et ses bijoux et passa le haut d’un pyjama. Si tôt son costume de scène enlevé, elle succomba a l’épuisement et à la tristesse qui étaient devenues ses meilleures amies, ses guides dans la vie. Elle s’allongea et rencontra ses pleurs en fermant les yeux.
Elle s’accorda dix minutes pour se laisser aller, quinze tout au plus, puis alla se nettoyer le visage et preparer ses compresses de thé. Elle se servit un grand verre d’eau qu’elle agrémenta de quelques calmants et anti-dépresseurs. De retour au lit, elle sourit à l’idée de sombrer. Et comme chaque soir, elle se répétait que tout allait bien.
Elle avait élevée Loriana
et sa fille était aussi forte que magnifique.. Après un divorce douloureux mais dont elle était sortie la tête haute, elle avait trouvé Frank. De quoi pouvait-elle bien se plaindre ? Que lui manquait-elle ? Qu’avait-elle à regretter ? “Rien !” était la réponse qu’elle se forçait à chaque fois à donner .
Elle se mentit à elle même encore une fois ce soir là parce qu’il était sans doute plus facile de se penser indigne et insatisfaite que d’affronter la vérité et tout perdre.
Si seulement elle se décidait à accepter
qu’elle avait le droit de ne pas se sentir heureuse, elle pourrait alors sans doute évacuer le vide dans son coeur. Elle parlerait ouvertement à sa psychiatre de ce qui la dérangeait vraiment. Une anorexie de trente ans d’âge avec la peur au ventre de prendre quelques grammes juste en respirant. Une vie de couple qui n’était qu’une mascarade : Frank vivait depuis 5 ans avec sa maitresse et ne rentrait chez eux que le weekend pour les rencontres sociales comme celles d’aujourd’hui. Un relation distendue avec Loriana qui ne supportait plus de voir sa mère dans cet état de soumission et de déni. Et enfin affirmer qu’elle ne savait pas ce qui la rendrait vraiment heureuse parce qu’au final elle ne se connaissait pas sans son costume de femme riche et comblée.
Une seconde d’hesitation pour une lueur d’espoir que les cachets tuèrent pour que Rubis voyagea dans le seul endroit où elle était elle et où elle était bien : ses rêves.