Stay Peach ou Gardons la pêche
Vous souvenez-vous de l’histoire des pêches de Pipo ? Je l’avais partagée ici même, il y a quelques années. Elle racontait comment, avec tant d’amour et si peu de moyens, mon grand-père nous régalait.
Ce souvenir avait suscité de si jolis retours de votre part. Tant d’âmes, nostalgiques de leurs propres trésors d’enfance, avaient confié à leur tour les pépites chères à leur cœur. Vous aviez évoqué l’odeur du couscous, les sandwichs aux boulettes enveloppés de papier aluminium sur la plage, la douceur des balades matinales au marché, les rires enjoués de nos adorables aïeux, qui ne mâchaient pas leurs mots. Vos éclats de joie nous avaient offert tant d’amour. Je garde de ces échanges le goût simple et vibrant d’une époque vivante.
Le temps a passé, voyez-vous, et j’ai laissé un peu de côté les petites histoires de bonheur pour me consacrer à un plus grand cahier. Je n’ai pourtant jamais cessé de vouloir vous parler, vous faire rire, vous emmener dans les contrées lointaines de nos souhaits et de nos moments choyés. Il n’y a pas de plus beau cadeau que celui que je me fais lorsque je pose des mots capables de bercer vos émotions. C’est là que résonne toute l’essence de ma vie — ou du moins, c’est ce que je ressens, tout au fond, dans le calme profond de mon moi.
À l’heure où je vous écris, nous sommes à nouveau partis. Je cours, à mon rythme, afin que tout prenne sa place sans que je m’oublie. Je me questionne sur la suite — la suite de notre histoire, et celle de ma carrière. De quelle couleur sera-t-elle ? Saurez-je me réinventer ? Mes engagements passés doivent-ils être ressuscités si je n’en ressens plus l’élan, du moins sous la même forme ? Dans le brouhaha, je fais taire les doutes. Je suis désormais certaine d’être guidée, en temps et en heure, vers le bonheur.
Au milieu des palmiers californiens, dans cet havre de paix où nous avons posé nos valises, où tout est joli et bien rangé, je découvre, dans la salle de bain, une peinture à la Magritte.
Ronde et juteuse, elle n’est pas de celles qui sont fausses ou parfaites. Sur une toile longue et tranquille, je la vois me sourire. Inoubliable tant elle est délicieuse. Les traits de l’ombre de sa nature me font un clin d’œil éloquent. Elle porte le soleil et révèle le secret divin : Pipo est là, avec moi. Tout ira bien. Et elle me signale que je ferais bien de reprendre, là où j’avais laissé, mes derniers mots de bonheur.
Sous elle, je lis : « La pêche ».
À vous.
À nos grands-parents chéris, fidèles gardiens.
Et à la prochaine affaire.
D’ici là : gardons la pêche.
Plus de petites histoires et de poème juste là :
Jamais, Jamais Tu Ne Seras Seule – The Poème en soufflé Collection (Episode #1)


