« Maman, c’est quoi l’anti-mimétisme ? »
demanda Maël à sa maman.
Du haut de ses cinq ans et demi, le garçon revenait d’un merveilleux week-end chez ses grands-parents. Son Papy adorait regarder à la télévision des messieurs en costume qui prenaient des airs sérieux pour annoncer des choses compliquées. C’est là que Maël avait entendu ce drôle de mot, répété plusieurs fois avec gravité.
— Le mimétisme, mon ange, expliqua sa maman, c’est… eh bien… quand on reproduit ce que l’on voit ou apprend des autres, sans toujours se poser de questions. Ça sert à apprendre, tu vois ? À apprendre de ceux qui nous entourent. Mais parfois… ça peut être négatif, si par exemple un enfant imite un mauvais comportement.
— Qui d’autre ? demanda Maël, les yeux ronds.
— Eh bien… un copain à l’école, ou une personne à la maison…
— Ou des gens sur les réseaux sociaux ?
— Oui, exactement ! Bravo mon grand.
— Alors… le mimétisme quand c’est pas bien… c’est comme… euh… comme quand Laetitia, l’an dernier à l’école, est devenue méchante juste pour faire pareil que Nassra ?
— Exactement, cela peut l’être, mon ange.
— Alors… maman… c’est quoi l’anti-mimétisme ?
— Eh bien… l’anti-mimétisme, ce n’est pas un mot qu’on entend souvent, mais ça veut dire faire attention à ne pas répéter ce qu’on entend, ni à faire ce que l’on voit, ni à penser ce que l’on nous dit de penser… sans réfléchir, sans prendre de recul, sans vérifier. Tu comprends ?
— Oui maman ! Tu sais, moi je l’ai beaucoup entendu chez Papy et Mamie !
— Bizarre. Tu es sûr que ce n’était pas plutôt antisé… enfin bon. Tu dois avoir raison. Va jouer mon chéri, proposa maman qui déjà depuis son téléphone appelait ses parents.
Maël sourit, fier d’avoir percé le mystère d’un mot si long et compliqué, prononcé pourtant si souvent par les grands aux airs étranges et inquiets.